Les Soleils des indépendances de Ahmadou Kourouma

Ahmadou Kourouma est un écrivain ivoirien né le à Boundiali (Côte d'Ivoire) et mort le à Lyon (France).

Résumé des Soleils des Indépendances

 

Comme je suis hyper sympa, je décide de vous faire don de mon résumé des Soleils des Indépendances de Kourouma. Evidemment un résumé de pourra jamais rendre le style, l'ironie et toutes les nuances extraordinaires que Kourouma met dans sa plume, mais bon, ça peut toujours servir. Si vous voulez savoir ce que j'ai pensé du livre et lire mes petites analyses vraiment pas beaucoup poussées, vous pouvez aller consulter mon article précédent sur Kourouma. Ce résumé peut être utile dans la mesure où il est détaillé et retrace linéairement tous les évènements du livre (mes excuses d'avance pour le style souvent paraphrastique), mais il ne remplace évidemment pas une analyse construite et appuyée sur les axes du programme. Uniquement pour se remettre le bouquin en mémoire si on n'a pas le temps de le relire, donc.

 

PARTIE 1

1) Le molosse et sa déhontée façon de s'asseoir.

Cote d'Ivoire, peuple des Malinkés. Fama Doumbouya, dernier descendant légitime des princes du Horodougou, est ruiné à la suite de l'indépendance de son pays. C'est ce qui le fait passer pour un colonialiste. Sa ruine le pousse à assister à toutes les cérémonies religieuses où il prononce des prières, afin de gagner sa vie en tant que griot. L'histoire s'ouvre donc sur l'enterrement de Ibrahima Koné et la description d'une croyance africaine selon laquelle l'ombre du défunt agit encore après sa mort. Le retour à la réalité est brusque avec la présentation soudaine et brutale du prince ruiné. Son parcours jusqu'au cimetière met en évidence la déchéance et la honte dont il est victime. Il est même désigné par le terme de "charognard" alors que le symbole des Doumbouya était la panthère. De nombreuses insultes "bâtards !" montrent son indignation d'être réduit aux mêmes galères que les pauvres, des "hyènes" et des "charognards". Métaphore du temps qui témoigne de cette union inhabituelle entre le noble et l'ignoble : "dégoûtantes, les entre-saisons de ce pays mélangeant soleils et pluies". 

Début de l'affrontement. Provocation gratuite du griot qui ose souiller le nom des Doumbouya en l'associant aux Keita (totem hippopotame : rien à voir avec la subtilité de la panthère). Humiliation publique de Fama qui se met en colère et devient le centre d'attention. La cérémonie funèbre devient lutte politique, affrontement public d'idéaux en décomposition. Cruauté, dignité, impulsivité de Fama. Contamination de l'énervement progressif ignoré par Fama, "enivré" par la colère. Deuxième provocation venant du peuple cette fois (un homme qui s'appelle Bamba) pour faire taire Fama. L'affrontement devient physique : témoignage de sa déchéance. Le prince répond aux provocations et se bat : il perd sa dignité. Puis retour soudain à la normale avec les excuses (on lui propose de l'argent). Il donne l'honneur pour prétexte, mais en acceptant l'argent, il tue cet honneur faussement revendiqué. Il est bafoué, il n'a aucune autorité : plus personne n'écoute le prince. Le déshonneur règne : anarchie politique, aucun respect pour la noblesse du sang.

 

2) Sans la senteur de goyave verte

Désir persistant d'affirmer son honneur. Description de la condition des noirs qui sont toujours esclaves des blancs. Lutte interne de Fama traduite par la multiplication des verbes pronominaux : "il se commanda", "il s'ordonna", etc. Métaphore filée du temps. Pluie = pourriture, déchéance / Sécheresse = dignité, noblesse, richesse. Détail de son passé : il était grand commerçant pendant la colonisation et il regrette donc ce temps. Mais il n'est pas colonialiste pour autant : haine naturelle contre les Français (la colonisation a apporté bien d'autres maux). La colonisation a tué le règne des Malinkés. Pour vivre, les Malinkés ont besoin de deux choses : le négoce et la guerre. La colonisation a tué la guerre et l'indépendance le négoce. Conséquences : stérilité des Malinkés. Donc l'indépendance est encore pire que la colonisation.

Passé personnel de Fama : il fut destitué de sa couronne très jeune par Lacina, qui lui-même se vit ruiné par les indépendances. La terre africaine est assimilée au corps de la femme : sensuel, fertile quand tout va bien, mais ici, pourri à cause de la pluie donc stérile. Humour noir à plusieurs reprises : "comme la feuille avec laquelle on a fini de se torcher", "lire et écrire n'est pas aussi futile que des bagues pour un lépreux". Moquerie légère sur les rites des Africains pour attirer la chance : "que n'a-t-il pas fait ?" Insistance sur la croyance en la Providence et en Dieu. Allusion aux dettes de Fama avec la mention de Abdjaoudi, l'usurier. Remèdes à la pluie : la mosquée et la prière, puis l'amour : Salimata, sa femme. Magnifique métaphore de l'amour et de l'agriculture page 28. Salimata s'inflige d'inutiles supplices (dans l'espoir d'attirer la fertilité). Fama la soupçonne de mal exécuter ces rites et donc il la "consomme" : le prince a clairement ses petites faiblesses.

 

3) Le cou chargé de carcans hérissés de sortilèges comme le sont de piquants acérés, les colliers du chien chasseur de cynocéphales.

Focalisation sur Salimata. La religion l'aide à accepter son destin de femme stérile. Mais accent sur les craintes et les déceptions d'une femme que son mari délaisse par le discours indirect libre "un éhonté de mari !". Fama est pour elle lié à un souvenir très douloureux : celui de son entrée dans le monde des femmes de la tribu, de la fin de l'enfance, lorsqu'elle se fit excisée (le clitoris est considéré comme impur). Deux temps de narration sont enchassés pour mettre en valeur la douleur gardée qu'elle porte en elle et sa rancoeur contre Fama, qui est décidémment un très mauvais mari (il ronfle, c'est exaspérant ; il veut un enfant mais manque à son devoir conjugal, etc.)

Poursuite de la description du souvenir de son excision, qui fut pour elle un moment de honte et d'humiliation, puisque, contrairement aux autres filles excisées, elle ne supporta pas la douleur et s'évanouit, et ne put exécuter la danse triomphale du retour du champ d'excision. Chaque paragraphe décrit un peu plus précisémment un aspect qui n'avait été qu'évoqué dans les paragraphes précédent : plongée au coeur d'une conscience meurtrie. Elle raconte son premier viol et la douleur qui en découla. On lui a fait croire au génie de la fécondité, mais elle revient sur ses propres souvenirs, elle a des doutes et croit savoir qui l'a violée en vérité (elle soupçonne le féticheur Tiécoura). La description du féticheur traduit bien le dégoût et l'horreur qu'il lui inspire. Le souvenir plonge de plus en plus précisémment dans le passé de Salimata et l'on comprend pourquoi elle est stérile. Fama n'est pas son premier mari. Lorsqu'on lui a a attribué un mari après les trois semaines du rite suivant l'excision, Salimata était guérie, mais toujours traumatisée par son viol. La nuit de noces fut un échec. Elle se refusa à Baffi, son premier époux. Il voulait la violer, mais elle se défendait tant qu'elle aggrava son hernie dont il mourut quelques mois après.

Description d'un accomplissement détaillé de son devoir de femme au foyer et témoignage de son énervement envers Fama, "toujours inutile, vide!". Explication de la légende noire de Salimata : "Une femme sans trou ! Une statuette !" que la jalousie du génie veut préserver de tout autre homme = une femme maléfique et chargée de malchance. Elle est promise au frère de Baffi, Tiémoko, qui voulait la violer sous la menace d'un couteau. Elle s'enfuit, "seule dans la nuit". On découvre alors une nouvelle facette de Salimata : son courage et sa rébellion. Pendant ses prières, elle supplie Allah de lui donner un Bébé à tous prix, même au prix de l'adultère... Puis Salimata commence sa journée de femme soumise après le départ de Fama (elle vend de la bouillie aux travailleurs). Une silhouette sur le chemin la renvoie de nouveau dans son passé. On comprend alors à quel point elle a aimé Fama, et que leur amour fut l'aboutissement de sa fuite. Ce passé est la description de l'âge d'or des Horodougous avant les soleils des indépendances, quand Fama était encore digne.

Commence alors le travail de vente de Salimata en multipliant les allusions et manifestations religieuses. Monstration de sa  générosité parfois extravagante. Pendant le chemin du retour, on apprend que c'est à cause de son infécondité persistante que sa relation avec Fama s'est dégradée. Elle se sent incomplète sans maternité donc le couple et l'amour son incomplets. Un parallèle s'établit entre le mari et la femme : ils ont chacun leur honte, leur désespoir, leur rêve brisé. Un nouveau malheur s'ajoute à tous ceux qu'elle a déjà subis à sa "vie de malheurs", sa grossesse nerveuse. Grosse ressemblance dans les termes employés entre Fama et Salimata, "inutile et vide". Discussion banale de couplé lassé, amour entièrement consumé. Elle se souvient de leurs amours passées avec amertume. On apprend alors que Fama, lassé de la stérilité de Salimata, a commi le péché d'adultère, mais il semble en fait que ce soit lui le stérile... La chute politique coïncide avec le déclin de leur amour et ce fut le début de la fin.

 

4) Où a-t-on vu Allah s'apitoyer sur un malheur ?

Relations de Salimata avec les autres vendeuses de riz : elle est jalousée car elle est plus belle et elle a plus de succès que toutes les autres. Insistance sur l'agilité et la rapidité de Salimata en tant que vendeuse. Elle est bonne, généreuse, et n'hésite pas à se sacrifier, dans l'espoir qu'Allah entende ses prières. Mais la pauvreté touchant toute la population, elle se fait attaquer par ceux qui sont arrivés trop tard pour bénéficier des dons de riz de Salimata. Ils lui volent tout l'argent qu'elle a gagné et la tripotent un peu au passage. C'est sa générosité vaine qui en est la cause : elle a fait des demi-satisfaits. Salimata, devant son malheur, prend la décision de consulter son marabout, Abdoulaye. 

Retour sur la naissance de leur amitié, et sur le début des vues qu'Abdoulaye a sur Salimata. Il est comparé à un taureau du Guassoulou, "susceptible de tout pimenter plus que Fama et riche en connaissance comme en argent". On sent qu'elle aussi est plus ou moins sous son charme... Description des trois rituels pour invoquer les morts, appeler les génies et implorer Allah. Elle est pleine d'admiration pour lui et impressionnée par la magie dont il est capable. Il lui prescrit les sacrifices qu'il doit exécuter. Petite description physique de Salimata pour montrer combien elle est désirable : "elle provoquait le désir de vouloir la mordiller". La violence du sacrifice du coq fait brusquement remonter le souvenir horrible de l'excision.

Insistance sur le fait qu'ils sont seuls et attirés l'un par l'autre un soir d'orage, après avoir partagé le sacrifice. Il commence à lui mettre dans l'esprit que c'est Fama qui est stérile et pas elle, et que la maternité est plus importante que la fidélité. Elle en a envie mais elle a peur car le viol est toujours présent. Elle voit en lui Tiécoura. Il essaie de la violer, elle se défend. Elle saisit le couteau du sacrifice et frappe Abdoulaye. Puis elle s'enfuit dans la pluie. Constatation de ses regrets : elle s'en veut, "ne sachant coucher qu'un homme stérile".

 

PARTIE 2

1) Mis à l'attache par le sexe, la mort s'approchait et gagnait ; heureusement, la lune perça et les sauva.

Mort de Lacina, le cousin de Fama. Le sacrifice du coq n'a pas évité le grand malheur qu'avait prédi Abdoulaye. Les Malinkés ensemble font oreuve de générosité envers le défunt. Fama s'en prend aux délégués syndicaux chargés du transport du corps avec un couteau en les traitant de bâtard (probablement des Français responsables des indépendances). Il veut retrouver la véritable dignité de la panthère Doumbouya. Sur le voyage (de la capitale vers le village de Togobala où se déroulent les funérailles), Fama rencontre Diakité, originaire du Horodougou qui avait fui à cause de l'indépendance, de l'arrivée du socialisme et du parti unique (LDN). Le père de Diakité (qui était de l'opposition au parti) fut contraint d'y adhérer et de payer un nombre exagéré de cotisations. 

Description du socialisme en Afrique : la jeunesse LDN commet attentats et sabotages, actes dégradants envers les membres de leur propre parti, dont Diakité : "la jeunesse LDN sortit, l'assaillit, le ligota, le déculotta, noua son sexe par une corde, et comme un chien le mit à l'attache" en faisant passer cela pour "la fin de l'exploitation de l'homme par l'homme". Le père de Diakité le défendit en tuant le secrétaire général du parti, son adjoint, le trésorier et deux autres membres. Et après avoir délivré Diakité, il fut fusillé. 

Autres exemples des conséquences du socialisme. Konaté, un Bambara, raconte sa ruine. Il n'est pas contre le socialisme, mais trouve le parti trop dur. Sery pense que la cause des malheurs et des guerres en Afrique, c'est le fait que les Africains migrent et chaque indigène voit la concurrence de peuples plus civilisés, plus doués s'installer. Les immigrants plus riches et plus reconnus sont en haut de l'échelle sociale, comme les Dahoméens et les Sénégalais. De plus, l'arrivée des pauvres et des fous n'apporte rien à l'économie et mendient : les Nogos font revenir les concessions "aussi puantes que les fesses de leurs rejetons qu'ils ne torchent jamais". Ils rachètent toutes les consessions, donc ce sont des étrangers qui gagnent de l'argent.

Salimata soupçonne Fama de ne jamais vouloir revenir à la capitale après son voyage au village. Il sait que son devoir est de diriger la tribu des Doumbouya et qu'on le lui demandera. Il sent qu'il ne pourra pas refuser son héritage. Il hérite du statut de chef, mais il hérite aussi des femmes de Lacina, dont Mariam (qui lui avait d'abord été promise et qu'il avait refusée).

 

2) Marcher à pas comptés dans la nuit du coeur et dans l'ombre des yeux (paroles d'une mélodie de noces malinkée que Fama fredonne plus loin).

Fama songe à la réaction de Salimata s'il épousait Mariam. Elle serait faussement empressée mais ne perdrait pas une occasion de mettre son ingratitude en évidence. Il envisage donc de rester au village. En arrivantau village, Fama est traité comme un dieu, mais il n'a pas le droit de parler de politique (c'est interdit par le parti) donc il se renseigne sur les nouvelles du village. Insomniaque, Fama essaie de se convaincre d'être digne des Doumbouya. retour sur son ancêtre, Souleymane Doumbouya (Moriba). Il était marabout et son arrivée chez les Toukoro avait été prédite par un oracle. Souleymane bâtit à côté des Toukoro un grand campement appelé Togobala "dont Fama restait l'unique légitime descendant". Togobala prospéré et conquit le Horodougou. Mais les conquérants (malinkés musulmans du nord) proposent à Bakari, descendant de Souleymane, d'avoir la puissance (qui serait illégitime). Bakari veut y renoncer car il craint la malédiction, mais poussé par une "voix", il prend le pouvoir sur le Horodougou, scellant la fin de la dynastie Doumbouya en provoquant la malédicton annoncée : la stérilité de Fama. Insistance sur sa peur des autres, de lui, de disparaître. 

Incident lors du voyage : Fama se sent destitué de sa dignité lorsqu'un bâtard exige sa carte d'identité pour passer la frontière. Fama a quand même fini par arriver au village natal, décrépi, et entouré de "vautours". On lui souhaite la bienvenue puis commence le rituel des lamentations pour le défunt (les pleureuses). Puis le vent les effraie et les fait taire. Fama en a marre des lamentations car le Coran dit qu'il ne faut pas pleurer les morts, que c'est inutile.

 

3) Les meutes de margouillats et de vautours trouèrent ses côtes : il survécut grâce au savant Balla.

"Les Malinkés ont la duplicité parce qu'ils ont l'intérieur plus noir que leur peau et les dires plus blancs que leurs dents." Fama n'a pas respecté la coutume mais il se place devant la case de Lacina pour faire croire qu'il y a dormi. Il contemple son modeste héritage qui lui semble de plus en plus précaire. Le griot fidèle à la famille, Diamourou, raconte à Fama son secret : sa fille Matali fut choisie par Tomassini (premier commandant du cercle). Mais courageuse, elle refusa l'acte sexuel forcé et s'enfuit. Elle fut ramenée et engrossées de force. Très belle, elle s'épanouit dans la maternité et dans le commerce. Elle n'a jamais oublié ses parents, elle envoie régulièrement de l'argent à Diamourou. Fama l'estime davantage que son cousin Lacina.

Création d'un suspense car la discussion sur Lacina est rapidement interrompue par les salueurs. Les salueurs sont d'autres dynasties plus ou moins liées aux Doumbouya. Il se sent puissant. Balla est une affranchi, vieux et aveugle, de la famille des Doumbouya. Il consulte les fétiches et tue les sacrifices, tout le monde se moque de lui et Diamourou le déteste (car ils sont égaux socialement et de vécu). Balla se fait de l'argent sur les croyances des gens. Balla comme Diamourou, l'essence des Doumbouya, se battent pour leur idéal : réhabiliter la chefferie et voir brûler les indépendances. Fama, pour reconquérir son pouvoir, dispose donc : d'un sorcier, d'un griot, d'un peu d'argent et d'appuis politiques. Il ne lui manque que l'envie et la conviction.

Fama Doumbouya doit prononcer un dernier palabre pour Lacina : Balla veut participer, Fama refuse. Ambiance fétide et morbide du cimetière : "tout porte à la fois mort et vie" (page 117). Fama se recueille sur la tombe de ses parents mais tous les animaux portent la mort (vautours, margouillats, charognards). Nuit grouillante de cris de bêtes et d'esprits. Fama fait des cauchemars mais Balla chasse les ennemis avec des incantations. Mais les prières sont insuffisantes : nécessité de faire des sacrifices. 

 

4) Les soleils sonnant l'harmattan et Fama, avec des nuits hérissées de punaises et de Mariam, furent tous pris au piège ; mais la bâtardise ne gagna pas.

Description d'un matin au village, de l'attitude irréprochable de Fama et des rites du féticheur Balla. Balla critique la qualité des harmattans d'aujourd'hui, ce qui amène le récit de "comment Balla devint-il le plus grand chasseur de tout le Horodougou ?" Un génie chasseur apparut à Balla pour lui proposer un accord. Il guidera Balla et rassemblera tous les animaux sauvages devant lui. En contrepartie, le génie aura la droit de tuer Balla à n'importe quel moment. Balla assomme donc tous les palabreurs avec ses histoires triomphantes de chasse. Quelques exemples sont racontés (insistance sur la sagesse et le sang-froid de Balla). Balla voulait trouver le Kala de son génie chasseur pour le tuer avant de se faire tuer (Kala = objet propre à chaque individu avec lequel "on éteint la vie dans le corps"). Il finit par le trouver : un grain de crottin de chevrotin aquatique. Et il le tua.

Retour à la réalité. Mauvais sommeil de Fama. Enumération de ses soucis : il a d'abord des soucis d'argent. Il doit être généreux mais il est trop pauvre pour honorer convenablement son devoir de prince : il se sent humilié. Il a également des soucis de solitude. Il pense à Mariam dont il est tombé amoureux dès qu'il l'a vue (description de sa beauté, de sa sensualité). Il ne pense plus du tout à Salimata. Diamourou lui répète d'épouser Mariam car malgré son infidélité et sa malice, elle est très fertile. Enfin, Fama se soucie de l'interrogation du président du village et du comité (Babou) avec le parti unique et le sous-préfet. Petites notes d'ironies : "du sous-préfet, de la contre-révolution, de la réaction, mais c'était grandement grave !", "C'était grave et aussi embarrassant qu'un boubou au col trop large". Diamourou et Balla influencent son discours. Fama est le seul réactionnaire, un "horrible contre-révolutionnaire" du village. Les villageois n'assument pas. Au Horodougou, seules la fraternité et l'humanisme doivent régner.

Pourtant, une confrontation politique se prépare (lundi et mardi). Les villageois vont d'un palabre (celui de Fama) à l'autre (celui du parti). Le mercredi, la rencontre politique a lieu. Insistance ironique sur l'hypocrisie exagérée des coutumes : les salutations durèrent "le temps de faire passer par un lépreux un fil dans le chas d'une aiguille". Déroulement de l'assemblée : palabre préfaciel des griots, puis palabre de Babou (rusé fils d'esclave) qui fait passer Fama pour un dangereux militant colonialiste, puis flot de flatteries  ("Babou aurait conquis les villageois"), puis palabre de Fama, concis, digne, rapide. Sentence du délégué : Fama doit s'humilier en jurant à genoux fidélité au parti. Diamourou s'y oppose. Convocation des Anciens devant les mânes des aïeux. Il est décidé que Babou serait le président officiel et Fama seulement le chef. Réconciliation. Togobala reste uni.

 

5) Après les funérailles exaucées éclata le maléfique voyage.

Description du rite des funérailles d'un Malinké. Avec la pauvreté, les morts sont bien moins accueillis dans l'au-delà. Pour Lacina, on réussit à acquérir quatre boeufs. Tous les habitants du Togobala sont présents. Préparation des marches, de la nourriture, des sacrifices, etc. Lecture du Coran, communion, palabre des griots, présents offerts par les grandes familles. Puis sacrifice des boeufs. Insistance sur le sang qui coule page 141. Défense des sacrifices contre les chiens, puis contre les charognards. Puis partage de la viande rouge. Puis réjouissances. Tours de magie des chasseurs qui ont conclu des pactes avec des génies. Diamourou et Balla décomptent les "innombrables signes des funérailles exaucées".

Le voyage retour de Fama vers la capitale porte un sort maléfique. Il ne veut pas partir car au village il a l'honneur, l'argent et le mariage. Mais il faut qu'il parte, alors il emmène Mariam avec lui. Ils s'en vont à pied.

 

PARTIE 3

1) Les choses qui ne peuvent pas être dites ne méritent pas de noms.

Arrivée dans la capitale. Salimata accueille chaleureusement Mariam. Mais petit à petit Mariam gêne Salimata dans ses rites censés attirer la fécondité, et Salimata, jalouse, croit voir le ventre de Mariam pousser. Elles se disputent et en viennent aux mains. Une nuit d'amour entre Fama et Mariam, Salimata entend le tara grincer et cela la rend folle.

D'un point de vue politique, "le pays couvait une insurrection". Fama n'en est pas mécontent, il souhaite voir tomber les fils d'esclave qui sont au pouvoir. Les fétiches le prédisent (les Malinkés pratiquent la divination). Oracles de Togobala : hyène et boa. Usage de l'imparfait pour montrer que l'intervention et l'interprétation des oracles a lieu régulièrement. Exemples de leur efficacité : l'épidémie de peste a frappé tout le Horodougou sauf Togobala. Or les dirigeants des soleils des indépendances ignorent les oracles. Ils ne consultent que les sorciers et marabouts à des fins uniquement personnelles. 

L'insurrection débute : répression du parti. Délibération du conseil des ministres à l'issue de laquelle quatre ministres sont emprisonnés. "La politique n'a ni yeux ni oreilles ni coeur : en politique, le vrai et le mensonge portent le même pagne, le juste et l'injuste marchent de paire, le bien et le mal s'achètent et se vendent au même prix". Disparition de trois amis de Fama qui s'étaient enrichis avec l'indépendance. Bakary est arrêté et doit subir un interrogatoire, tout comme Fama. Prison, torture, jeûne, mais Fama y survit. Ils sont internés dans un camp qui ne peut porter de nom tant il est ignoble, et qu'ils ne parviennent pas à situer. Conditions de vie insalubres, pathogènes, mortifères. Tout s'exécute la nuit. Une nuit, Fama est déporté dans une caserne. Usage constant du passif et de la troisème personne indéfinie pour montrer qu'on ne sait pas ce qu'il lui arrive.

Casene de Mayako où s'instruit l'affaire et où le jugement aura lieu. Description de la caserne le matin du jugement. On vérifie son identité puis on lui demande quels étaient ses rapports avec Nakou, l'ancien ministre, considéré comme tête du complot contre le parti. Fama le connaît, mais à part ses rapports avec les femmes, il ne sait pas grand-chose de Nakou. Fama raconte un rêve qu'il a fait où une femme lui avait dit que Nakou devait tuer beaucoup de sacrifices pour qu'il puisse s'en sortir plus tard, pour démasquer et honnir les intriguants.

Les juges accordent beaucoup d'importance à ce rêve. Fama est inculpé de "participation à un complot tendant à assassiner le président et à renverser la république". On lui reproche de n'avoir pas été raconter son rêve plus tôt et on lui apprend que Nakou s'est suicidé. Fama se prépare à ce qu'il va dire pour sa défense le jour du jugement. L'interprête traduit les instructions du juge. Il les insulte, les humilie et leur donne leur peine. Fama est condamné à vingt ans de réclusion criminelle. Début de sa vie de condamné. Aucune défense, aucune rébellion possible. Il regrette de n'avoir pas écoute Balla mais reconnaît sa défaite contre les soleils. Il attrape le vers de Guinée et vieillit, malade.

 

2) Ce furent les oiseaux sauvages qui, les premiers, comprirent la portée historique de l'évènement.

Fama continue de prier. Il ne regrette qu'une chose : n'avoir pu se faire pardonner de Salimata. Il espère encore être enterré dans le Horodougou comme lui avaient prédi les devins. Un jour, les gardes lui donnent des habits neufs et lui demandent de les suivre pour assister au discours du président. Discours humaniste et très républicain. Il demande aux prisonniers de pardonner et il les libère tous. Il souhaite apparemment instaurer de nouvelles valeurs plus stables (bonté, douceur, patience, justice) page 174. Remise de l'argent. Départ immédiat pour la capitale.

Sur la route, Bakary suggère à Fama d'aller se refaire une santé à Vichy ! Salimata ni Mariam ne viennent chercher Fama. Il envisage de se trouver une autre femme. Salimata est partie avec Adboulaye. Mariam avec son chauffeur de taxi. Bakary, fidèle  à Fama, l'avait menacé de sa frivolité. Bakary lui parle ensuite de ce qu'il s'est passé à Togobala après son arrestation. Balla est mort dans son sommeil. Funérailles grandioses (quatre boeufs sacrifiés).

Fama descend de voiture en plein milieu du trajet. Bakary essaie de le retenir. Fama ne l'écoute pas et monte dans un camion. Bakary lui reproche d'être un mauvais ami. Fama se moque de lui et se félicite de l'avoir tourné en dérision par son silence. Fama veut partir car il sait que personne ne veut de lui dans la capitale. Il veut aussi permettre à Salimata d'être enfin heureuse avec un autre homme. Il part dans le Horodougou avec l'objectif d'y mourir le plus tôt possible, car telle est sa destinée. Arrivé dans le Horodougou, personne ne l'accueille mais il s'y sent bien. Une foule se forme autour d'un homme en uniforme, Vassoko. Il explique que la frontière est fermée depuis un mois à cause de la tension entre les deux pays.

Fama va lui parler, se présente et demande à passer pour assister aux funérailles de Balla. Mais Fama n'a aucune pièce d'identité et en plus, il est un ex-détenu politique. Il se met en colère devant le refus de Vassoko. Il franchit les barbelés fièrement et incite la foule à le regarder partir. Vassoko empêche les gardes de le tuer. Mais Fama est dans une impasse et Vassoko le rattrape. Alors Fama escalade le parapet et saute parmi les caïmans sacrés qui commencent à l'attaquer. Un garde tire sur le crocodile. Les oiseaux attaquent la terre. Les fauves et les crocodiles s'enfuient. D'autres coups de feu retentissent. Fama est grièvement blessé. L'ambulance le ramène à Togobala. On découvre qu'il n'a pas été touché par une balle mais par la morsure d'un caïman sacré, ce qui prouve qu'il est un grand chef. Fama meurt alors, à quelques kilomètres de Togobala. 

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