Comment définir le vrai ?

A/ Définition générale de la vérité

Il est possible de produire une définition simple de la notion de vérité : il s'agit de l'adéquation entre ce qui est pensé et ce qui est.Autrement dit, la vérité est correspondance entre un discours sur un objet, ou une représentation de cet objet, et l'objet dont il s'agit de rendre compte. Le caractère vrai ou faux concerne toujours un jugement, jamais une réalité.

Par exemple, on ne dira pas d'un arbre existant qu'il est vrai, mais qu'il est réel. À l'inverse, on dit qu'il est vrai qu'il s'agit d'un chêne : dans ce cas, c'est bien le jugement sur l'arbre qui peut être vrai ou faux (qu'il s'agit d'un chêne). En ce sens, la vérité ne tolère pas d'écart entre ce qui est pensé et la réalité.

 

Vérité

La vérité est l'adéquation entre un jugement et la réalité dont il rend compte.

S'intéresser aux notions contraires de la vérité permet de montrer d'autres significations. Ainsi, si la vérité s'oppose au faux, comme ce qui ne correspond pas à ce qui est, elle s'oppose aussi au mensonge ou bien à l'inauthenticité. La notion de vérité possède aussi une dimension morale.

 
 

B/ Les qualités qui accompagnent le vrai

L'une des qualités qui accompagnent le vrai est la certitude. La certitude peut être définie comme adhésion du sujet à ce qu'il pense : être certain, c'est tenir quelque chose pour vrai.

Mais il faut être attentif à l'ambiguïté de la notion de certitude : dire que la certitude accompagne la vérité, cela ne signifie pas que la certitude entraîne la vérité. Lorsque l'on tient quelque chose pour certain, on présuppose que cela est vrai : cela n'est pas toujours vérifié. La certitude est avant tout une forme de croyance.

La relation de la certitude à la vérité est inverse : c'est la découverte de la vérité qui entraîne la certitude. Il importe donc de s'interroger sur les critères qui permettent de distinguer la simple croyance de la connaissance.

Il faut donc distinguer l'opinion de la vérité. La vérité est ce qui s'oppose à la croyance, ou à l'opinion (la doxa), car croire que l'on sait, comme dans la croyance ou l'opinion, empêche de questionner ses certitudes, et donc de rechercher la vérité.

Platon, dans sa condamnation de l'opinion, insiste fortement sur le fait que les hommes, attachés à leurs opinions et croyant détenir la vérité, s'empêchent ainsi de la découvrir. L'opinion constitue un obstacle à la découverte de la vérité : en rester à l'opinion, c'est se satisfaire d'une apparence de savoir. Car l'opinion est relative, et dépend notamment des lieux et des hommes, ce qui n'est pas acceptable, puisque la vérité est universelle.

Mais il faut ajouter que l'opinion, même vraie, se distingue de la vérité. Détenir la vérité, ce n'est pas l'énoncer au hasard, mais savoir pourquoi ce que l'on dit est vrai. La justification est donc l'une des qualités qui accompagnent le vrai.

Platon souligne cela dans le Ménon. S'interrogeant sur ce qui différencie l'opinion correcte, ou vraie, de la connaissance, Socrate met en évidence que la connaissance, contrairement à l'opinion vraie, est assurée par un raisonnement. Ainsi, alors que l'opinion est changeante, jamais assurée d'elle-même, la connaissance sait pourquoi elle est vraie : on peut produire des raisons, des justifications à ce que l'on avance.

 

Une opinion vraie n'est pas un moins bon guide, pour la rectitude de l'action, que la raison. [...] Mais ces opinions ne consentent pas à rester longtemps en place, plutôt cherchent-elles à s'enfuir de l'âme humaine ; elles ne valent donc pas grand chose, tant qu'on ne les a pas reliées par un raisonnement qui en donne l'explication.

Platon

Ménon

IVe siècle avant J.-C.

Ce qui manque à l'opinion droite pour constituer un savoir, c'est une justification. Connaître, c'est pouvoir rendre raison de ce que l'on tient pour vrai.
Platon ne condamne pas l'opinion droite, c'est-à-dire l'opinion qui est dans le vrai : dans le domaine de l'action, elle se révèle très utile. Néanmoins, elle n'a pas la même valeur que la connaissance, car celui qui a une opinion vraie ne la possède pas comme il possède un savoir. La question qui se pose alors est de déterminer la façon dont on peut produire cette justification.
  

C/ Rôle de la démonstration

Pour s'assurer de la vérité de ce que l'on pense, il importe de pouvoir justifier que ce l'on dit est vrai. En ce sens, la démonstration peut jouer le rôle de modèle dans l'élaboration de la vérité. Au sens large, la notion de démonstration se rapporte à tout type de preuve qu'une personne peut fournir pour appuyer ce qu'elle avance. Elle peut donc avoir le sens de justification.

Mais cette notion connaît aussi un usage plus restreint : il s'agit de la démonstration telle qu'elle est pratiquée dans les mathématiques. La démonstration est une forme de raisonnement caractérisée par le fait qu'elle se présente comme un système dont toutes les propositions sont démontrées et cohérentes entre elles.

Plus précisément, la démonstration est une forme de raisonnement qui tire des conclusions à partir de prémisses (points de départ du raisonnement) selon des modalités strictes. Les résultats de la démonstration sont nécessaires : ils ont été prouvés à l'intérieur du système.

On pourra se demander si la démonstration, telle qu'elle se pratique dans les mathématiques, peut servir de modèle pour l'établissement de la vérité dans tous les domaines du savoir et de l'action. Autrement dit, se demander si le raisonnement démonstratif est le seul moyen de garantir la vérité des connaissances, ou bien si d'autres sources de connaissance sont acceptables.

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