I. DE LA GUERRE EUROPEENNE A LA GUERRE MONDIALE (1939-1942)

A/ Les premières victoires de l’Axe

1) La Blitzkrieg : un avantage stratégique des allemands en Europe

Elle permet à Hitler de dominer en deux ans presque la totalité du continent européen. Il s’agit avant tout d’un avantage stratégique plus que d’une supériorité en hommes ou en matériel. La Blitzkrieg (ou Guerre Eclair) consiste à défoncer par surprise et le plus vite possible les défenses ennemies (bombardements de l’aviation, parachutage, intervention des blindés), d’exploiter ensuite la brèche effectuée par les divisions blindées qui pénètrent profondément en territoire ennemi. Les blindés sont suivis par l’intervention de l’infanterie motorisée puis par l’infanterie à pied qui attaquent les poches de résistance encerclées par les blindés alors que l’aviation continue de pilonner l’avant, empéchant ainsi les réserves de l’ennemi d’intervenir.

C’est cette stratégie qu’utilise l’Allemagne successivement contre la Pologne, la Scandinavie, la France et enfin l’URSS.

2) La campagne de Pologne

Le 1er septembre 1939, la Pologne est simultanément attaquée sur trois fronts : nord, sud et ouest. Le 3 le Royaume Uni et la France déclarent la guerre à l’Allemagne. La Pologne est débordée avant même qu’elle n’est pu complètement mobiliser. Varsovie est encerclée le 15 septembre.

Le 17 septembre, conformément au pacte germano-soviétique, la Pologne est attaquée à l’est par les soviétiques qui récupèrent les territoires perdus en 1919 au traité de Brest-Litovsk. Le 27 septembre la Pologne capitule et subit le 4ème partage de son histoire. Les alliés n’ont rien pu faire face à la vitesse d’action.

Après la conquête de la Pologne, le 6 octobre, Hitler propose la paix aux alliés qui refusent.

 

3) A l’ouest, la "la drôle de guerre"

Après la capitulation polonaise, les français et les britanniques attendent en vain l’attaque allemande. A l’ouest, il ne se passe rien sur le plan militaire. On s’observe. C’est "la drôle de guerre".

Les allemands profitent de cette situation pour renforcer leur puissance à l’ouest, alors que les français et les britanniques se contentent d’une stratégie de défense derrière la ligne Maginot soi-disant "imprenable". De plus les alliés sont convaincus de leur supériorité du fait de leur puissance navale : ils peuvent étouffer économiquement l’Allemagne par leur blocus.

Par une intense propagande, on remonte le moral des troupes et la confiance en la victoire règne.

Le mauvais temps du printemps 1940 oblige Hitler à remettre à plus tard son attaque à l’ouest. Entre-temps, la guerre se déplace vers le nord de l’Europe.

4) La guerre en Scandinavie

En septembre 1939, les pays baltes (Estonie, Lituanie et Lettonie) sont obligés d’accepter un traité d’assistance donnant toutes les facilités à l’Armée rouge pour avoir accès à la Mer Baltique. En juillet 1940, ils sont annexés à l’Union soviétique.

La guerre proprement dite débute dès novembre 1939, par une attaque soviétique contre la Finlande (neutre, puis alliée de l’Allemagne à partir d’avril 1941).L’URSS revendique certains territoires de l’ancien empire russe : la Carélie. Cela permettrait à l’URSS d’éloigner Leningrad de la frontière.

Durant l’hiver très rigoureux 39/40, la Mer Baltique gèle. Les allemands sont alors très inquiets pour leur approvisionnement en fer suédois (le blocus alliés commençant à gêner l’Allemagne). Ils sont donc obligés de passer par le port norvégien de Narvik et ainsi d’entrer dans les eaux territoriales de la Norvège.

Allemands et alliés séparément préparent donc secrètement une expédition pour s’emparer du port de Narvik et par la même occasion de tous les ports norvégiens. Hitler devance les alliés et le 9 avril, les troupes allemandes envahissent le Danemark et la Norvège, qui sont totalement occupés à partir du mois de juin.

C’est alors que l’Allemagne rappelle ses troupes et entreprend la campagne de France.

5) La campagne de France

Le 10 mai 1940, les troupes allemandes violent une nouvelle fois la neutralité des Pays-Bas, et de la Belgique de manière à attirer les troupes franco-britanniques vers le nord de la France. Mais les panzer percent le front à Sedan le 14 mai (après avoir violé la neutralité luxembourgeoise) et foncent vers la mer encerclant la moitié des troupes alliées. Les Pays-Bas capitulent le 15, la Belgique le 27 mai, et le roi des belges Léopold III est interné pour la durée de la guerre. Plus de 335 000 soldats des armées alliés s’embarquent comme ils peuvent dans la région de Dunkerque vers le Royaume Uni.

Le reste de l’armée française ne cesse de reculer face à la pression des allemands. La retraite est d’autant plus difficile que plus de 12 millions de civils se jettent sur les routes : c’est la débâcle.

L’Italie déclare la guerre à la France le 10 juin. Paris capitule le 14 juin. Le 16 les allemands atteignent la frontière suisse encerclant les troupes stationnées sur la ligne Maginot. Le 17 juin, un nouveau gouvernement, à la tête duquel se trouve le maréchal P. Pétain, demande l’armistice. Il est signé le 22 juin.

La France a été foudroyée en l’espace de 6 semaines et a perdu 92 000 soldats. C’est la plus grande défaite militaire de toute son histoire.

Il ne reste plus à l’Allemagne que de s’attaquer au Royaume Uni. Si elle réussit à l’écraser, la guerre est finie.

 

 

B/ Le Royaume Uni rempart du monde libre à l’ouest

En juillet 40, l’Allemagne occupe l’Europe de la Norvège à la frontière espagnole de la frontière avec l’URSS au littoral atlantique.

Le Royaume Uni de Winston Churchill est seul face aux forces de l’Axe. Les gouvernements européens en exil se sont réfugiés à Londres (Pologne, Tchécoslovaquie, la reine Wilhelmine des Pays-Bas, Charlotte la Grande-Duchesse du Luxembourg, le roi Haakon VII de Norvège,...), ainsi que les premiers Français libres qui ont répondu à l’appel lancé le 18 juin par le général De Gaulle.

1) La bataille d’Angleterre

Hitler envisage un débarquement au Royaume Uni (opération Seelöwen), mais les britanniques dominent très largement les mers. Leur seule crainte est que l’Allemagne n’utilise la flotte française d’où l’affaire de Mers-El-Kébir qui entraîne la rupture des relations entre le gouvernement français de Vichy (depuis le 2 juillet) et le gouvernement britannique. Hitler compte donc sur la Luftwaffe. Mais d’août à octobre 1940, la Royal Air Force (RAF), guidés par les premiers radars, repoussent les assauts allemands sur les ports, les aéroports et les villes du sud de l’Angleterre (Coventry est rasée de la carte). De plus les britanniques possèdent deux bombardiers (le Spitfire et l’Hurricane) supérieurs au Stuka allemand. Les allemands perdent 1733 appareils contre 915 aux britanniques.

Malgré les nombreuses destructions et les pertes humaines (plus de 30 000 morts), le Royaume Uni résiste. Hitler ne peut donc envahir le Royaume Uni. C’est son premier échec stratégique.

2) La bataille de l’Atlantique

La résistance britannique oblige Hitler à modifier sa stratégie.

L’Allemagne tente d’asphyxier le Royaume Uni par une guerre sous-marine à outrance. Les meutes de sous-marins de l’amiral Dönitz attaquent tant en Atlantique, en Méditerranée que dans l’Océan Indien. Mais là aussi, les britanniques, malgré des pertes considérables, évitent le blocus grâce au sonar que ne possèdent pas les allemands.

L’Allemagne n’ayant pu battre le Royaume Uni sur son propre terrain décide d’étendre le conflit.

3) La bataille de la Méditerranée

Elle se joue sur deux plans :

a - sur le plan diplomatique

Hitler tente de négocier avec le dictateur espagnol F. Franco, le libre passage des troupes allemandes pour aller attaquer les britanniques à Gibraltar (entrevue d’Hendaye le 23 octobre 1940). Franco refuse, l’Espagne restera neutre. Hitler négocie alors avec la France.

C’est la très fameuse entrevue de Montoire du 24 octobre 1940 entre Pétain et Hitler. Elle débouche, le 27 octobre, sur les "Protocoles de Paris" où l’amiral Darlan, Ministre des Affaires étrangères, met à la disposition des allemands les bases militaires d’Afrique, de Syrie et du Liban ce qui provoque l’intervention anglo-gaulliste en Syrie (guerre franco-française du 9 juin au 14 juillet 1941) et l’occupation britannique sur tout le Proche-Orient.

  b - sur le plan militaire

L’Allemagne intervient tant au nord qu’au sud de la Méditerranée pour tenter de rattraper les déboires italiens. En effet, jaloux des succès du Führer, le 28 octobre 1940, le Duce attaque la Grèce sans prévenir son allié germain. Appuyés par les britanniques, les grecs résistent et rejettent les italiens en Albanie.

L’Allemagne vole alors au secours de l’Italie en soumettant au passage la Yougoslavie du roi Pierre II qui pratiquait une politique anti-allemande. La Yougoslavie capitule le 17 avril 1941 et le 27 le drapeau à croix gammée flotte sur l’Acropole. Les allemands bousculent les forces britanniques et la Crète (point stratégique fondamental du bassin oriental de la Méditerranée) est occupée le 7 mai. Les rois Georges II de Grèce et Pierre II de Yougoslavie s’enfuient et se réfugient avec leur gouvernement à Londres.

Durant l’automne 1940, l’Italie attaque aussi l’Egypte, dont les britanniques assuraient en partie la défense. Les britanniques envahissent les colonies italiennes de Libye et d’Erythrée. C’est alors qu’Hitler dépêche l’un de ses meilleurs généraux, Rommel, à la tête d’un régiment de blindés, l’Afrika Korps qui repousse les britanniques à la frontière égyptienne. Désormais, les allemands installés en Crète et en Sicile interdisent le passage des convois britanniques en Méditerranée. Ceux-ci sont obligés de contourner l’Afrique par Le Cap. Les allemands ont abandonné, malgré leurs assauts aériens répétés, la conquête de l’île de Malte.

C/ La mondialisation du conflit

1) Les indicateurs dès 1940

Le 27 septembre 1940, est signé un pacte tripartite entre les trois principales puissances de l’Axe (Allemagne, Italie, Japon). Ce pacte affirme la volonté des signataires de créer un "Ordre Nouveau" en Europe et en Asie. Ce pacte prolonge le pacte anti-komintern de novembre 1936 faisant de la lutte contre le communisme un des buts de l’Axe ce qui annonce bien entendu l’intervention contre l’URSS.

Très vite aussi, les EUA prennent positions en faveur de leur allié traditionnel européen : le Royaume Uni. Le président Roosevelt, persuadé que les intérêts des EUA et de l’Axe sont inconciliables, apportent très vite une aide massive au RU. En mars 1941, il fait voté par le congrès des EUA la Loi Prêt-Bail pour que le RU "menacé dans sa liberté" puisse se procurer les armes et le matériel dont il a besoin. Cette loi s’étend très vite à l’URSS, à la Chine et même à la France Libre. Elle consiste à vendre, prêter ou céder du matériel militaire et autres marchandises à tout pays dont la défense est jugée vitale pour les intérêts des EUA.

Le 14 août 1941, Churchill et Roosevelt signent la Charte de l’Atlantique qui expose les motifs du combat contre l’Axe et les principes d’une paix future. Le gouvernement des EUA abandonne donc petit à petit l’idée d’une position neutraliste défendue au début du conflit par l’opinion publique américaine.

2) L’opération "Barberousse"

De la Finlande à la Mer Noire, en utilisant toujours la stratégie de la Blitzkrieg, 5,5 millions de soldats allemands, finlandais, hongrois, roumains, italiens, mais aussi espagnols (división Azul) et français (plus de 3000 de la LVF, Légion des Volontaires Français), 3800 chars, 5000 avions, s’élancent en direction de Leningrad, Moscou, Kiev et Odessa. L’Armée Rouge, totalement désorganisée après les purges de 1938, est bousculée. En l’espace de trois mois, l’Ukraine est conquise, les allemands atteignent la Mer noire, Léningrad est assiégé et Moscou menacé. En URSS, la guerre est totale : les communistes et les juifs y sont massacrés par les SS des Einstazgruppen, les prisonniers maltraités. Mais l’Armée Rouge se bat avec acharnement et détermination. En battant retraite, elle laisse des partisans pratiquant la tactique de la "terre brûlée".

Quoi qu’il en soit, la Blitzkrieg semble encore une fois avoir apporté ses fruits : près de 4 millions de prisonniers, 23 000 chars et 20 000 avions détruits. Le grenier à blé de l’URSS est occupé. Le gouvernement soviétique s’est réfugié à l’est, à Kouibychev, sur la Volga.

A l’entrée de l’hiver Moscou résiste encore. Un hiver précoce et très rigoureux qui stoppent les envahisseurs dès le 6 décembre 1941. La Blitzkrieg a une nouvelle fois échoué et l’hiver a sauvé une nouvelle fois l’URSS.

Les allemands souffrent terriblement et ne peuvent reprendre l’offensive qu’au printemps 1942 où ils progressent vers le sud-est en direction du Caucase et des gisements pétroliers de Bakou. Ils n’y sont jamais parvenus. Les allemands se retournent alors vers le nord en direction de la Volga et de Moscou. La Volga est atteinte en septembre à Stalingrad. En novembre, Les soviétiques résistent toujours. Et de nouveau l’hiver s’installe.

3) L’entrée en guerre des Etats-Unis d’Amérique

La défaite des pays européens (RU excepté) affaiblit leurs positions en Asie : Indochine française, Indes néerlandaises. Or ces possessions sont convoitées par le Japon. La guerre en Asie a débuté dès 1937, par l’invasion japonais en Chine.

Dès le mois de juillet 1941, le Japon envahit l’Indochine française à la grande inquiétude des EUA.

En octobre 1941, le général Tojo, partisan d’une expansion de la guerre en vue de la création du Grand Japon, devient Premier ministre. Pour réaliser son projet, il lui faut éliminer par une attaque surprise la flotte américaine du Pacifique. C’est ainsi que le 7 décembre 1941, le Japon attaque simultanément les bases navales des EUA de Pearl Harbour à Hawaï, de Midway et de Guam, mais aussi les bases britanniques de Hong Kong, de Singapour, la Malaisie, l’Indonésie, les Philippines, la Nouvelle Guinée, le Siam et la Birmanie. En quelques mois, le Japon occupe l’essentiel du sud-est asiatique ce qui lui permet, dès l’été 1942, de menacer directement l’Australie et l’Inde.

L’été 42 marque l’apogée des puissances de l’Axe. Une grande partie de l’Europe et de l’Asie, voire même de l’Afrique est sous sa domination. Mais qui trop embrasse mal étreint. Ces gigantesques territoires obligent l’Axe à disperser ses forces. Ce qui explique en partie la dureté des occupations mais aussi la montée des mouvements de résistance et les premières défaites.

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