II. LE REFLUX ET L’EFFONDREMENT DE L’AXE (1942-1945)

II. LE REFLUX ET L’EFFONDREMENT DE L’AXE (1942-1945)

A/ 1942 : le tournant de la guerre

1) Les atouts des alliés

a - La coalition des puissances luttant contre l’Axe

Elles font toutes abstraction de leurs divergences idéologiques. A partir de 1943, des conférences tripartites réunissent Staline, Churchill et Roosevelt à Téhéran en 1943, puis à Yalta et à Postdam en 1945.

En juillet 1941, le RU signe une alliance avec l’URSS pour toute la durée de la guerre. Fin 41, les EUA accordent le bénéfice de la Loi Prêt-Bail à l’URSS qui reçoit 10 000 chars et 15 000 avions. Mais Roosevelt impose sa stratégie d’attaque : l’Allemagne d’abord, le Japon ensuite.

A l’ouest, un commandement unique est créé et confié au général Eisenhower.

EUA, URSS et RU forment une grande alliance anti-allemande, mais la méfiance des anglo-saxons envers Staline n’en demeure pas moins. L’URSS supporte jusqu’en 1943 l’essentiel de la guerre et ne cesse de réclamer avec insistance l’ouverture d’un deuxième front à l’ouest du continent européen. C’est à la conférence de Téhéran qu’est décidé le projet de débarquement en Normandie. De son côté l’Allemagne avait espérer que cette coalition ne tiendrait pas du fait des divergences idéologiques, mais les diverses conférences aplanissent les difficultés.

Les anglo-saxons acceptent l’idée d’un débarquement en Normandie en contrepartie de quoi Staline s’engage à dissoudre le Komintern pour faciliter l’unification des divers réseaux de résistance. Les anglo-saxons acceptent aussi que les futures frontières de l’URSS soient repoussées vers l’ouest en annexant la partie orientale de la Pologne et les pays baltes.

b - L’aide déterminante des Etats-Unis d’Amérique et la mobilisation des économies

Dès avant leur entrée en guerre, les EUA réalisent un effort de guerre sans précédent. Le 6 janvier 1942 est lancé le Victory Program qui crée des millions d’emplois et met au point de nouvelles techniques de production permettant d’énormes gains de productivité (standardisation). Ils produisent 50% de l’armement allié. Plus de 250 000 avions sont construits pour bombarder l’Allemagne et le Japon. Un énorme effort est aussi fourni en ce qui concerne la construction navale, surtout pour le Pacifique, mais aussi pour les alliés en général. Ces efforts donnent un coup de pouce à l’économie et renforcent la suprématie économique et la domination des EUA sur l’Amérique Latine (cuivre du Chili par ex.). La plupart des pays d’Amérique Latine d’ailleurs sont entrés en guerre derrière les EUA.

De son côté l’URSS, face à l’invasion allemande, a transféré son potentiel industriel vers l’est, vers l’Oural et en Sibérie, permettant de continuer à construire dans des conditions très difficiles des quantités considérables d’armements.

Alors que l’Allemagne souffre de pénurie de matières premières et de main d’œuvre, le Royaume Uni, malgré les bombardements allemands, a converti très rapidement ses industries en créant plus de 2 millions d’emplois pour les industries d’armement où les femmes ont joué un rôle fondamental.

2) Les coups d’arrêt de 1942-1943 : les premières victoires alliées

a - Dans le Pacifique

Mai 1942, la bataille aéronavale de la Mer de Corail écarte le risque d’une invasion de l’Australie.

Juin 1942, lors de la bataille de Midway, les meilleurs navires, porte-avions et équipements japonais sont détruits. Cette victoire des EUA est déterminante car elle oblige le Japon à se retrancher de plus en plus sur ses conquêtes continentales.

Août 1942, s’engage la bataille de l’île de Guadalcanal qui, au prix de très durs combats, reste américaine (août - octobre 1942).

En quelques six mois d’aussi difficiles combats, les îles Solomon sont reprises aux japonais.

Petit à petit la puissance de l’industrie des EUA leur assure la suprématie navale, surtout au niveau des porte-avions, domaine dans lequel le Japon accumule de plus en plus de retard.

b - En Afrique et en Méditerranée

En Afrique deux événements importants font basculer l’avantage du côté des alliés.

En octobre 1942, les troupes britanniques du général Montgomery arrêtent l’Afrika Korps à El Alamein et oblige Rommel à se replier en Libye.

Début novembre 1942 (le 8), les anglo-américains débarquent au Maroc et en Algérie, facilement occupé malgré une tentative de résistance des troupes française de Vichy (Darlan). C’est en réaction à ce débarquement en Afrique du nord que Hitler décide l’occupation de la zone sud de la France de manière à éviter un éventuel débarquement sur les côtes française de la Méditerranée. La Corse et la Tunisie sont occupées afin de venir au secours de l’Afrika Korps en difficulté.

Quoiqu’il en soit le sort des troupes de l’Axe en Afrique du nord est joué. Prise en tenaille entre les troupes britanniques de Montgomery poursuivant l’Afrika Korps à travers du désert libyen, les troupes anglo-américaines depuis l’Algérie et la 2ème DB (division blindée) du général Leclerc depuis le Tchad, l’armée de l’Axe capitule en Tunisie le 22 mai 1943 (200 000 prisonniers).

Maître de l’Afrique du nord, les alliés peuvent désormais menacer l’autre côté de la Méditerranée. Ainsi, poursuivent-ils leur offensive en Sicile et en Italie du Sud, par un nouveau débarquement le 10 juillet 1943. Après 39 jours de très durs combats la Sicile est soumise. Les allemands se battent avec acharnement alors que les italiens, après la chute de Mussolini, désertent par milliers ou se rangent du côté des alliés. (Voir "La Notte di San Lorenzo" des frères Tavianni)

c - En Europe de l’est : Stalingrad

Profitant de nouveau de l’hiver, les soviétiques portent une très rude contre-offensive (plus de 300 000 morts et prisonniers) contre la 6ème armée allemande du général von Paulus qui finalement est encerclée et capitule le 31 janvier 1943. Cette victoire est décisive en Europe de l’est puisque la contre-offensive soviétique se poursuit à partir de là jusqu’à la chute de Berlin.

 

 

B/ La défaite allemande

A partir de l’été 42 mais surtout du printemps 43, le rythme des offensives alliées s’accélère, mais Hitler continue la lutte jusqu’au bout entraînant l’Allemagne dans le plus grand désastre de son histoire.

1) La campagne d’Italie

C’est pendant la conquête de la Sicile que le régime fasciste de Mussolini s’effondre. Le 24 juillet 1943, Mussolini est destitué par le Grand Conseil fasciste et aussitôt arrêté (grâce aux manœuvres du roi Victor-Emmanuel III). Le roi charge le maréchal Badoglio de diriger les affaires publiques et d’ouvrir des négociations avec les alliés. Le 3 septembre 1943, alors que les alliés débarquent en Calabre, un armistice est signé et deux mois plus tard, l’Italie se range du côté des alliés.

La réaction allemande ne se fait pas attendre : 30 divisions allemandes pénètrent en Italie et la Wehrmacht arrête les alliés aux environs de Naples. Mussolini, emprisonné au Gran Sasso dans l’Apennin, est libéré par un commando allemand parachuté et est transporté dans le nord où il fonde un nouveau régime fasciste : la République sociale italienne de Salo. Mais il est désormais sans pouvoir réel car contrôlé directement par les allemands. Sa libération lui permet seulement de se venger des conjurés du 24 juillet qu’il fait exécuter (parmi eux son propre gendre Ciano).

La libération de l’Italie est très laborieuse malgré les efforts des anglo-américains, de l’armée du maréchal Juin, des résistants et de l’armée italienne du sud. Rome n’est libéré qu’en juin 1944 et le Pô n’est atteint qu’en avril 1945. Mais face aux autres fronts, l’Italie devient très rapidement un front secondaire ce qui peut expliquer aussi cette lenteur.

2) Le débarquement en Normandie

L’opération "Overlord", commandée par le général Eisenhower, est lancée le 6 juin 1944 avec 5000 navires et 10 000 avions qui doivent affronter le mur de l’Atlantique, renforcé surtout dans la région de Calais. Pour cette raison, les alliés débarquent en Normandie. Pendant six semaines, ils restent souvent accrochés à d’étroites bandes de plage. Mais le 31 juillet, le général Patton réussit une percée à Avranches qui marque le début de la bataille de France. Il s’agit d’un immense mouvement enveloppant dans deux directions : vers l’ouest en direction de la Bretagne et vers le sud pour ensuite virer vers l’est en direction de Paris qui est libéré le 25 août 1944. Les allemands refluent massivement vers l’est, alors qu’au même moment a lieu le débarquement en Provence.

3) Le débarquement en Provence

Le 15 août 1944, la VIIIème armée américaine et l’armée française commandée par le général de Lattre de Tassigny entrent à Toulon et à Cannes remontant ensuite vers le nord à travers les Alpes et la vallée du Rhône. Le reflux des allemands est considérablement entravé par les actions de sabotage des maquisards.

Le 10 septembre la jonction est réalisée entre les débarquements de Provence et de Normandie. En décembre 1944, la France et la Belgique sont presque entièrement libérées.

4) Le reflux allemand à l’est

En juillet 1944, l’URSS est complètement libérée et fin 1944, la Roumanie, la Hongrie et la Bulgarie (alliés de l’Allemagne) signent l’armistice. Devant cette progression fulgurante de l’Armée Rouge dans la région des Balkans, les britanniques libèrent la Grèce. Quant à la Yougoslavie, elle est en grande partie libérée par la résistance yougoslave communiste groupée autour de Tito.

5) La capitulation allemande

Depuis les victoires alliées, l’Allemagne est soumise à des raids aériens de plus en plus meurtriers. En janvier 1945, l’Allemagne ne compte plus que sur elle-même. Mais ne s’avoue toujours pas vaincue. En effet, en décembre 1945, deux grandes offensives allemandes ont lieu dans les Ardennes et en Hongrie. L’Allemagne se lance de nouveau dans la bataille car elle compte sur de nouvelles armes dans le but de renverser l’équilibre des forces. Il s’agit des fameuses fusées V1 et V2 (premiers missiles) qui réussissent à menacer une nouvelle fois Londres. Mais la cause est entendue, ces armes ne sont pas tout à fait au point et viennent trop tard. L’étau se resserre inexorablement, les alliés pénètrent en Allemagne en février, et en avril 1945, les derniers soubresauts de l’Allemagne se transforment en déroute. Vienne est investie par les soviétiques le 13 avril ; les américains atteignent l’Elbe le 14 et conformément aux accords de Yalta, ils s’arrêtent pour attendre l’Armée Rouge qui rentre dans Berlin le 25 avril. La jonction avec les américains a lieu le 26. Hitler qui a mobilisé ses dernières ressources (le Volksturm : armée fantoche d’enfants et de vieillards) se suicide dans son bunker le 30 avril, quelques jours après l’exécution de Mussolini par les partisans italiens. Le 1er mai 1945, la Wehrmacht capitule sans condition et l’armistice est signé à Berlin le 8 mai. C’est la fin de la guerre en Europe.

C/ La défaite japonaise

Jusqu’à la défaite de l’Allemagne, le Japon reste au second plan.

1) Contre le Japon : la guerre aéronavale

Contrairement à ce qui se passe en Europe, en Asie, la reconquête du Pacifique se heurte à des difficultés importantes, dues aux distances et au climat tropical. La victoire finale dépend avant tout des victoires en mer.

La puissance industrielle de l’économie de guerre des EUA permet de couvrir les besoins militaires de l’Europe et de l’Asie. Très vite l’organisation des EUA, qui donne priorité aux productions de guerre, l’emporte sur le Japon. Mais les japonais s’accrochent farouchement dans les îles. Pour les déloger les américains sont obligés de constituer des formations navales associant plusieurs types de navires groupés autour de porte-avions.

L’offensive américaine se fait suivant deux axes et a à sa tête deux amiraux : Nimitz pour le Pacifique central et McArthur pour le Pacifique sud. Pour éviter la guerre sur les très nombreuses îles fortifiées par le Japon, le haut commandement des EUA utilise la stratégie du "saut de mouton" qui consiste en l’attaque des îles stratégiques qui serviront ensuite de bases américaines. Etant donné la supériorité maritime et aérienne des EUA, les autres îles sont vite bloquées.

En juin 1944, Nimitz conquiert les îles Mariannes et en octobre 44, McArthur les Philippines. C’est alors que les japonais utilisent pour la première fois les Kamikazes. En mars 1945 l’île japonaise d’Iwo Jima est atteinte par l’amiral Nimitz et en juin celle d’Okinawa. Les bombardements des B29 s’intensifient alors sur les centres industriels. Mais le moral des japonais ne désarme pas.

2) La capitulation dans l’éclair atomique

Devant la farouche résistance du peuple japonais, l’état-major américain estime que la conquête du Japon pourrait coûter plus d’un million de morts. Le président des EUA, Harry Truman, décide alors d’utiliser l’arme atomique qui vient d’être mise au point au centre de recherches de Los Alamos (Nouveau Mexique) sous la direction de Julius Robert Oppenheimer.

Deux bombes atomiques sont lâchées sur Hiroshima et Nagasaki les 6 et 8 août 1945 ; le même jour l’URSS déclare la guerre au Japon conformément aux accords de Yalta.

Face à la puissance terrifiante de l’arme nucléaire et l’attaque soviétique, le Japon cesse le combat et signe la capitulation le 2 septembre 1945. La Seconde Guerre mondiale est terminée.

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