Histoire de la littérature française - Le xxie siècle

La littérature française, en ce début xxie siècle, revient a des formes plus traditionnelles, contrastant avec le foisonnement et l'innovation formelles du xxe siècle. Même s'il est aujourd'hui mal-aisé de dégager ce que l'on pourrait appeler des courants littéraires, nous pouvons tout de même repérer des tendances. Nous ne prétendons pas à l'exhaustivité.

L'autofiction : Serge Doubrovsky, créateur de ce néologisme, considère Colette comme la pionnière de cette autofiction qui a connu, en ce début de siècle, un succès public et critique certain. Mais cette notion d'autofiction est loin d'être homogène "car la nature exacte de la synthèse [de l'autobiographie et de la fiction] est sujette à interprétation"2 pourtant il nous est possible de distinguer quelques types :

  • Une autofiction qui ne serait ni "une biographie, ni un roman naturellement [qui est] au-dessous de la littérature, [...] quelque part entre la littérature, la sociologie et l’histoire"3 représentée par Annie Ernaux.
  • Une autofiction qui s'inscrirait "dans une réflexion générale sur [...] la construction identitaire de l’écrivain contemporain dans son rapport à l’écriture et aux médias."4 Cette autofiction plus formelle est représentée par Chloé Delaume qui se définit comme une "praticienne de l'autofiction"5 considérant que "la mise en écriture modifie le réel."5 Quant à Marie Darrieussecq, elle voit dans l'autofiction "une assertion qui se dit feinte et qui dans le même temps se dit sérieuse"6. "Autrement dit, l'auteur d'autofiction tout à la fois affirme que ce qu'il raconte est vrai et met en garde le lecteur contre une adhésion à cette croyance. Dès lors, tous les éléments du récit pivotent entre valeur factuelle et valeur fictive, sans que le lecteur puisse trancher entre les deux."2 Et enfin, nous pouvons distinguer une autofiction "vulgarisée"2, on la retrouve sous la plume "d'écrivains à scandales comme Christine Angot"2

Le réalisme magique se distingue en ce début de xxie siècle, porté par des auteurs tels que Marie N'Diaye, Véronique Ovaldé ou Sylvie Germain.

La notion de minimalisme ou de roman ludique : "Au cours des années 1980, le terme de minimalisme est apparu puis s’est rapidement répandu pour désigner des auteurs ayant en partage un héritage (le Nouveau Roman)."7 Toute une génération d'écrivains regroupés aujourd'hui autour des Éditions de Minuit dont Jean Echenoz,Jean-Philippe Toussaint, Laurent Mauvignier ou Eric Chevillard. Même si l'idée de minimalisme fait encore débat, la notion de minimalisme se caractérise, selon Marc Dambre, par un "jeu citationnel"8, un "réenchantement sans illusion du monde"8, la "recherche d’un nouvel ordre narratif"8, la présence accrue du ludique, une mise à distance de l’incongru et une manière de prendre le mot au mot8. Des caractéristiques, communes, qui ont poussé Olivier Bessard-Banquy à proposer la dénomination de Roman ludique pour regrouper ces auteurs, l'occasion de séparer minimalisme et littérature ludique : "Le goût du jeu est en effet chez eux bien plus marqué que la tentation du peu. […] C’est pourquoi l’étiquette du minimalisme — si tant est qu’elle ait un sens — doit être réservée à des ouvrages de peu, revendiquant à l’évidence une indigence absolue"9

L'hypothèse du minimalisme positif : notion créée par Rémi Bertrand, dans son essai "Philippe Delerm et le minimalisme positif", désigne une “littérature articulée sur le bonheur au quotidien". Une vision de l’écriture et de la vie apparaît, dès lors, de façon cohérente. Il s’agit de “préciser les conditions de possibilité d’une écriture du quotidien”, de débarrasser “le quotidien et le bonheur des oripeaux de l’espérance” tout en fondant spontanément une éthique holistique du banal; et ce, dans “une forme brève”10. Sous cette bannière du minimalisme positif Bertrand rassemble plusieurs auteurs : Philippe Delerm, Bobin, Jean-Pierre Ostende, Pierre Michon, Visage, tous « chantres des plaisirs simples »10. Il faut tout de même noter que cette notion de minimalisme positif est contestée par une partie de la profession notamment Pierre Jourde : "réunir les auteurs du même type que Delerm en une sorte d’école, bref ériger cela en phénomène littéraire revient à encourager le développement actuel de la littérature de confort."11

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