Le chômage dans les pays sous développés

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Selon le BIT (bureau international du travail), le chômage se défini statistiquement comme la situation d’une personne sans travail rémunéré, disponible pour occuper un emploi et effectuant une démarche de recherche d’emploi.

D’une manière plus générale, le chômage est défini par les économistes comme un excédent de main d’œuvre, c’est à dire une offre supérieure à la demande sur le marché du travail.

Le chômage est un phénomène complexe, ce qui explique la multiplicité des instruments de mesure : La situation globale de l’emploi est souvent mesurée au travers du taux de chômage, défini comme le rapport entre le nombre de chômeurs et la population active (=ensemble des individus déclarant exercer une activité professionnelle, y compris les jeunes en apprentissage et ceux à la recherche d’emploi).

Plusieurs critères conventionnels sont retenus pour définir le chômage (Cf. le point précédent). Certains renvoient à la définition de la population active. Il en est ainsi du critère d’âge et de celui du « statut » des activités retenues en particulier pour les femmes. D’autres sont plus spécifiques à la notion de chômage elle même au sein de la population active.
 
Surtout, les critères retenus – celui de la non activité, celui de la recherche d’emploi, et celui de la disponibilité pour exercer une activité, – sont peu pertinents dans le contexte des pays en développement, en particulier les deux premiers, pour caractériser le chômage.
 
a) Sur le premier critère de non activité, même sans en rester à la définition restrictive du chômage au sens du BIT (n’avoir pas travaillé plus d’une heure au cours de la période de référence), sa mise en oeuvre est particulièrement délicate compte tenu :
 
– des multiples chevauchements et de l’absence de frontières précises entre la sphère de l’activité et celle de la non activité,
– de l’importance des activités informelles et/ou marginales ainsi que des activités d’auto-consommation, plus ou moins distantes des activités dites économiques au sens de la comptabilité nationale,
– de la multiplicité des formes d’emploi qui sont proches de situations de sous-emploi. (Au Bénin, en 1994, 60,5% des jeunes diplômés sans emploi déclaraient spontanément exercer une activité ; dans plus de 80% des cas, il s’agissait d’activités ambulantes ou dans la rue).
 
D’une manière plus générale, en l’absence d’un système d’indemnisation du chômage, rares sont les personnes qui peuvent rester sans travail et être considérées comme chômeurs au sens conventionnel du terme, ne serait ce que peu de temps. Les individus sont trop démunis pour rester en chômage. Au contraire, avec l’approfondissement de la crise qui traverse ces pays, la situation d’inactivité – et donc de chômage – est de plus en plus intenable. Les stratégies de survie obligent un nombre croissant de membres des ménages à exercer une activité quelle quelle soit. Cette exigence est encore renforcée en cas de réduction concomitante des revenus de transferts et de solidarité au sein de la famille élargie.
 
b) Le second critère sur la recherche d’emploi, est encore beaucoup plus problématique compte tenu de l’absence de système d’indemnisation et donc de l’absence d’incitation à s’inscrire comme demandeur d’emploi. Avec la mise en oeuvre des programmes d’ajustement structurel et la fin du monopole de placement des bureaux publics de main d’oeuvre, cette incitation est encore plus faible qu’auparavant.
 
Les statistiques disponibles concernant les modalités de recherche d’emploi, vérifient l’importance des réseaux et des relations personnelles et le caractère très minoritaire des modalités institutionnelles pour accéder à un emploi. (Toujours au Bénin en 1994, selon l’enquête ELAM, près de 80% des chômeurs n’étaient pas inscrits sur les registres d’emploi des bureaux de main d’oeuvre du ministère du travail). Comment dans ces conditions identifier et recenser les personnes qui sont en recherche d’emploi… ou plutôt celles qui ne sont pas en recherche d’emploi ?
 
En tout état de cause, et compte tenu des difficultés et des indéterminismes liés à la notion de chômage, il est recommandé de recourir à plusieurs définitions de celle-ci, le travail de diagnostic consistant à mettre en relation et à interpréter les ordres de grandeurs ainsi obtenues. Pour dire les choses autrement, il vaut mieux utiliser des indicateurs partiels multiples plutôt qu’un indicateur unique. De ce point de vue, la démarche retenue dans le cadre de l’enquête ELAM (Enquête Légère Auprès des Ménages) au Bénin qui distingue plusieurs taux de chômage est particulièrement intéressante.
 Les différents indicateurs du chômage au Bénin : l’enquête ELAM
 
– Taux de chômage déclaré ou apparent : ratio du nombre de personnes qui se déclarent sans travail au cours de la période au nombre total d’actifs de 8 ans et plus (12,6% en 1994).
– Taux de chômage réel : ratio du nombre de personnes qui se déclarent sans travail et qui effectivement n’ont perçu aucun revenu au nombre total d’actifs de 8 ans et plus (1,8% en 1994).
– Taux de sous-emploi exclusif du chômage réel : ratio du nombre d’actifs ayant travaillé pour une rémunération mensuelle inférieure à 10 000 FCFA au nombre total d’actifs de 8 ans et plus (16,2% en 1994).
– Taux de sous-emploi global : taux de chômage réel + taux de sous-emploi (18% en 1994). N.B : si on inclut les « apprentis » et les aides familiaux, c’est environ 1 personne sur 3 qui se trouve en situation de sous-emploi.
 
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